Le congé paternité de Mark Zuckerberg : une communication sans innovation ?
Retour à l’été 2000 en France : Jean-Marie Messier, alors PDG de Vivendi, était présenté dans le magazine Paris Match comme le « patron moderne (qui) prend un jour de congé chaque mercredi pour s’occuper de ses cinq enfants ».
Quinze ans plus tard, le “patron moderne” est Américain. Il ne prend pas un jour de congé mais un congé paternité. Mark Zuckerberg l’a annoncé à la fin du mois de novembre, sur Facebook bien sûr.
« C’est une décision très personnelle (…) J’ai décidé de prendre deux mois de congé paternité ». Une décision très personnelle en effet, mais avec une dimension sociétale. Aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne, les congés paternité ne sont pas prévus par la loi. Les entreprises sont donc les seules à donner l’exemple. Chez Virgin par exemple, Richard Branson a annoncé l’été dernier qu’il offrirait aux nouveaux pères un congé paternité de 12 mois à plein salaire (dans l’une des branches du groupe, située à Londres et à Genève).
Mark Zuckerberg suit ainsi l’exemple d’autres entreprises et fait en même temps une belle opération de promotion de sa marque employeur. « Chez Facebook, nous offrons à nos employés américains jusqu’à quatre mois de congé maternité ou paternité payés qu’ils peuvent prendre tout au long de l’année », a déclaré fièrement le papa. Il a également cédé 99% de ses actions à sa Fondation à l’occasion de la naissance de son premier enfant. Mais, là encore, rien de nouveau, il a simplement suivi les traces des pionniers qui, comme Bill Gates, ont donné une large part de leur richesse à leurs actions de philanthropie sans changer pour autant leur mode de vie ou celui de leurs descendants.
Une communication emblématique de l’ère du 2.0
« Max, nous t’aimons et nous ressentons une grande responsabilité : laisser au monde une planète meilleure pour toi et tous les autres enfants. Nous te souhaitons la même vie remplie d’amour, d’espoir et de joie que tu nous donnes. Nous sommes impatients de voir ce que tu vas apporter au monde », a-t-il écrit dans une lettre au bébé. La photo de celui-ci sur Facebook et sa confession « personnelle” au sujet des difficultés qu’il a eues avec sa femme pour concevoir un enfant… Un “partage” inéluctable de la part du patron du réseau social, amené à devenir un classique de l’ère du 2.0.
L’innovation n’est pas forcément là où on le pense
Quand on y regarde de plus près, il y a eu une innovation sur ce qu’il n’a pas communiqué. Car si Mark Zuckerberg a cité « des études [qui] montrent que, quand des parents qui travaillent prennent du temps pour être avec leurs nouveau-nés, les résultats sont meilleurs pour les enfants et les familles », une étude plus confidentielle qu’il n’a pas encore mentionnée montre une autre facette de l’histoire. Une étude américaine relayée dans Famili montre, en effet, que « les jeunes papas prennent plus facilement leur congé paternité si leur nouveau-né est… un garçon ! Avoir un bébé de sexe masculin augmente de 50% la chance que le père prenne un congé ». Maintenant, et ce n’était pas encore spécifié, Max est une fille.