
Campagne de communication du Parlement Européen sur les élections de fin mai : n’aurait-il pas fallu faire différent pour faire savoir que « cette fois c’est différent » ?
Avez-vous vu la campagne de communication institutionnelle financée par le Bureau d’information du Parlement européen sur vos écrans ? Et savez-vous ce que signifie son slogan : “This time it’s different – Act. React. Impact” (Cette fois c’est différent - Agir, réagir, accomplir) ? Avant de lire la suite, faites le test autour de vous. Personnellement je n’ai pas obtenu de réponses positives aux deux questions…
Ce slogan elliptique résume le fait que pour la première fois les résultats du vote des citoyens de l’Union Européenne détermineront le choix du président de la Commission européenne. Alors qu’auparavant le candidat à la présidence était désigné par les chefs d’État et de gouvernement d’un commun accord, cette fois les grands partis représentés au Parlement européen ont tous désigné leur candidat à la succession de José Manuel Barroso. Après le scrutin, la Présidence de la Commission reviendra au camp qui aura réuni le plus de voix.
Avec le traité de Lisbonne, la démocratie directe a été offerte aux citoyens européens, via le pouvoir de choisir, à travers l’élection de leurs représentants, le prochain chef de l’exécutif de l’Union européenne, celui qui déterminera ses grandes orientations politiques. Encore faut-il qu’ils le sachent.
Certes le film de la campagne (à voir ici) est léché, mais dans sa réalisation, un peu sombre, on retrouve la distance intellectuelle de Bruxelles quand il s’agit de communiquer avec nous. L’ellipse « cette fois, c’est vraiment différent » suffira-t-elle à faire prendre conscience de leur nouveau pouvoir aux électeurs anglais, grecs, français, polonais etc. ? N’aurait-il pas fallu être plus clair en invitant les électeurs à « choisir le président de l’Europe » ?
D’autant que la campagne ne bénéficie pas du budget d’achat d’espace nécessaire pour atteindre les citoyens dans les 28 pays de l’Union. Elle sera invisible en TV et est à ce jour peu diffusée sur les réseaux sociaux. Au point qu’on peut se demander si une « campagne institutionnelle » était bien utile. Si ce ne sont pas les partis qui devraient communiquer sur les enjeux prochains de ce nouveau Parlement. Le budget de ce film n’aurait-il pas mieux été employé à informer les électeurs en direct ?
Car alors que les bureaux de vote ouvrent d’ici un mois (du 22 au 25 mai selon les pays) et que les menaces des extrêmes et de l’abstention planent comme jamais sur le scrutin, combien parmi les 400 millions d’électeurs européens appelés à voter pour 751 eurodéputés savent qu’ils seront plus influents que jamais ?