
Communication sur la réforme des retraites: 5ème saison !
En annonçant jeudi, lors de sa deuxième conférence de presse, son intention de mener à bien une nouvelle réforme des retraites d’ici la fin de l’année 2013, François Hollande a fait preuve d’une belle détermination. Il a également pris un risque politique majeur qu’il ne pourra surmonter qu’en donnant toute sa place au dialogue social et en faisant appel à son habilité coutumière. Mais il devra aussi surmonter des écueils évidents et pour cela mettre en place une communication à la mesure du défi qui l’attend et qui lui permette d’emporter l’adhésion de l’opinion publique.
Depuis la publication du livre blanc sur les retraites par Michel Rocard, alors Premier ministre, que François Mitterrand décida de refermer aussitôt, ce sera la 5ème fois que le système hérité de la Libération sera adapté pour essayer de répondre au double défi que constituent l’allongement de la durée de la vie, d’une part, et la faible progression des cotisations des actifs en période de crise économique et de chômage, d’autre part.
Jusqu’à ce jour, toutes les réformes ont été menées par des gouvernements de droite (Edouard Balladur en 1993, Jean-Pierre Raffarin en 2003, François Fillon en 2007 et 2010). Ni Michel Rocard, Édith Cresson et Pierre Bérégovoy entre 1988 et 1993, ni Lionel Jospin entre 1997 et 2002 n’ont osé s’engager sur ce terrain. Et faut-il rappeler qu’en abaissant l’âge de la retraite à 60 ans, le Gouvernement de Pierre Mauroy a largement contribué à la crise du système ? C’est dire si l’engagement pris par François Hollande jeudi 16 mai va à l’encontre des tendances profondes de son électorat et d’une large partie de sa majorité parlementaire.
Le Président va donc devoir engager un effort considérable de pédagogie pour dépasser ces blocages prévisibles. Et l’affrontement politique qui s’annonce peut être explosif. Ce sera largement une bataille de communication.
De plus, en revenant à 60 ans pour les carrières longues dès le début de son quinquennat, François Hollande s’est privé de la principale contrepartie positive aux mesures à venir dont il disposait. Dans ce contexte, il n’a plus grand chose à offrir qui permettrait de distinguer une réforme de gauche de celles faites par la droite. Les opposants auront en outre beau jeu de reprendre les déclarations antérieures des principaux membres du Gouvernement, et du Président lui-même, soulignant le caractère inutile, injuste ou inacceptable du passage à 41 ans puis 42 ans de la durée de cotisation…
Aussi va-t-il falloir qu’il explique sans relâche le caractère inéluctable de la réforme à travers une campagne de communication forte, et qu’il y engage toute son autorité. A n’en pas douter, François Hollande joue sa crédibilité internationale, et donc ses marges de manœuvre financières et économiques, dans la réforme des retraites. L’augmentation des cotisations, un compromis avec les syndicats, le retrait ou le report de la réforme n’étant plus des options, forcer le succès est la seule solution qui s’offre désormais à lui.