
Cop21 ou com21 ?
La COP21, l’événement de l’année 2015
Obtenir des engagements de la plupart des Etats afin de réduire le réchauffement climatique à +2° Celsius en 2100 est l’objectif premier de la Cop 21. Réunir 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 pour aider les pays en développement à faire face au dérèglement climatique est une condition essentielle pour y parvenir. Le mini-site dédié du gouvernement le rappelle en ces termes : « La question des 100 milliards est un enjeu important des négociations : l’assurance des pays en développement que les pays développés respecteront cet engagement est essentiel pour créer la confiance nécessaire à la négociation d’un accord à Paris. »
Mais réunir plus de 150 chefs d’État en région parisienne, ce n’est pas rien non plus et la COP21 est la seule conférence internationale qui y parvienne. Ce que le Monde dans son édition du 30 novembre a nommé le « bal des chefs d’États » a provoqué un gigantesque effet d’appel sur l’événement. De grandes déclarations, relayées en direct sur Twitter et tous les médias de la planète, ont ponctué les journées du 29 et 30 novembre :
« Vous ne pouvez pas vous permettre d’être indécis, de prendre des demi-mesures (…) L’histoire vous interpelle, je vous exhorte à répondre avec courage et vision » a pointé Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU.
«Nous sommes la première génération à ressentir les effets des changements climatiques et nous sommes peut-être la dernière à pouvoir faire quelque chose contre » a déclaré Barack Obama, Président des États-Unis d’Amérique
« Je n’oppose pas la lutte contre le terrorisme à la lutte contre le changement climatique. Ce sont deux grands défis mondiaux que nous devons relever » a souligné François Hollande, Président de la République française.
Ces prises de parole des chefs d’États mondialement diffusées complètent un dispositif de communication sophistiqué. Laurent Fabius, à la manœuvre, le détaille en ces termes : « Il nous est apparu indispensable, puisque nous entrons dans la dernière ligne droite, de renforcer le travail de sensibilisation sur l’importance de cet événement ». Un « accent particulier » est mis en France sur les transports franciliens et de « très grandes toiles » portant des slogans ont été installées « à la périphérie de Paris ». Avec des « slogans simples et mobilisateurs », cette campagne entend souligner l’urgence et la gravité de la situation, elle montre aussi que la mobilisation pour notre planète constitue une chance.
Un succès de communication. Mais est-ce un succès tout court ?
L’objectif affiché est d’obtenir des engagements contraignants des grandes puissances industrielles. Pourtant, cet objectif est en réalité presque impossible à atteindre : les États-Unis, 2ème plus gros pollueur de la planète, ne peuvent prendre aucun engagement pour des raisons politiques. Le président américain ne pourra en effet pas faire ratifier un traité avec des dispositions contraignantes au Congrès, à majorité républicaine et opposé à toute action climatique. Or, un accord qui n’est pas contraignant n’a qu’une valeur symbolique.
Idem pour la Chine mais pour d’autres raisons : plus gros émetteur mondial de CO2, la Chine joue un rôle complexe en tant que 2ème puissance économique mondiale et leader des pays émergents. Le négociateur chinois, M. Xie, doute publiquement de la capacité des pays riches à trouver les 100 milliards de dollars pour financer la transition énergétique4. De son côté, l’Inde refuse de réduire sa consommation de charbon, principale source d’émission de CO2, qui représente 80% de son électricité et alors que 300 millions de ses habitants de bénéficient pas encore de celle-ci.
C’est pourtant seulement si les participants arrivent à trouver un accord sur ce point que l’on pourra dire que la COP21 n’est pas seulement la Com 21 des principaux chefs d’Etat.