Findus et le horsegate.
Quand Findus a annoncé vendredi 8 février que de la viande de cheval avait été trouvée dans des plats surgelés vendus en Angleterre, beaucoup ont pensé avec certitude qu’il s’agissait là du dernier stade d’une mort lente mais inéluctable de la prestigieuse marque, symbole en son temps de l’émergence et de l’expansion du surgelé.
Cela n’aura vraisemblablement pas lieu, et ce retournement de situation constitue un parfait cas d’école sur les spécificités de la communication de crise.
Premièrement, il illustre à la perfection l’une des règles de base de la communication de crise : être le premier à parler est toujours un atout. Loin d’adopter la politique de l’autruche ou de miser sur la pratique archaïque du « moins on en dit, mieux c’est », le groupe Findus lui-même a dévoilé le scandale. Cette posture de transparence et de responsabilité a été bénéfique à l’entreprise, d’autant plus que la situation, dans une seconde phase, a considérablement évolué : ce qui était l’affaire d’une seule société est devenu une crise d’ampleur internationale qui a affecté un secteur entier, soulignant ainsi l’efficacité du “spin off” ou diversion en cas de crise.
Ce « retournement », modèle du genre, a été permis par le concours de trois événements successifs. Premièrement, l’annonce de la démission du Pape 72 heures après le scandale a temporairement mais totalement détourné l’attention des médias, à un moment où ils se seraient probablement longuement attardés sur Findus, en l’absence d’autres sujets identifiés. La découverte de l’implication d’autres industriels renommés dans le scandale a, dans un second temps, contribué à élargir le spectre de l’affaire et a conduit le gouvernement à publier les conclusions de l’enquête administrative dès le mercredi suivant. D’où, dans un troisième temps, l’émergence d’un présumé responsable : le groupe Spanghero. Le coupable idéal : une entreprise complètement inconnue mais dont le nom en France a une résonance certaine. Un nom qui, dans la mémoire collective, est symbole de panache et d’infatigables efforts ou – en bref – un symbole du rugby français, pour une entreprise située dans un territoire lui-même synonyme de gastronomie et de cuisine française. Findus est maintenant bien loin…
Bien sûr, le groupe n’en sortira pas indemne. Toutefois, ayant eu la bonne idée d’être le premier à révéler l’affaire, et étant donné le bon enchaînement des événements, il n’en souffrira sûrement pas plus que ses principaux concurrents. Plus important encore, le groupe a réussi à maintenir sa crédibilité et peut envisager de rebondir, en tirant les leçons des conséquences de cette crise.
En conclusion, en situation de crise, il faut savoir combiner bons réflexes et bonne étoile…