
L’impossible « normalité » des dirigeants politiques et ses conséquences en termes d’image et de communication.
Avant son élection à la présidence de la République en 2012, François Hollande s’était engagé à rester « normal », y compris dans ses déplacements : « prendre le train n’est pas un devoir de candidat, c’est un moyen normal de se déplacer. Y compris pour un président. » Après avoir été élu président, François Hollande a essayé de respecter son engagement. Mais les mesures de sécurité et les contraintes d’horaires ont rapidement transformé ces simples trajets en train en casse-tête coûteux et ont remis en cause la légitimité de l’initiative, à l’heure où beaucoup commencent à se moquer d’un simple effet de communication…. Un Président ne voyage pas comme n’importe qui ! Les voyages en train ou en voiture ont été progressivement suspendus mais les effets négatifs de cette tentative ratée de « normalité » sur l’image du nouveau président sont indéniables : les Guignols de l’info, pour ne citer qu’eux, ont parodié pendant des mois ce Président presque normal !
Plus récemment, en pleine campagne des municipales à Paris, Nathalie Kosciusko-Morizet a salué les « moments de grâce » sur la ligne 13 du métro parisien…. Une façon de montrer qu’elle partage la vie des Parisiens ? Au-delà de la maladresse de telles déclarations qui ne pouvaient qu’agacer les usagers quotidiens des rames bondées, elle a ensuite enchaîné les erreurs. Lorsqu’elle a déclaré, à tort, que le service de bus s’arrêtait à 21 heures dans la capitale, puis lorsqu’elle a dit aux journalistes qui la suivaient dans le métro « là, vous me faites chier », elle s’est retrouvée prise à son propre piège. Elle a montré que ses premiers commentaires étaient uniquement “de la communication” et a renforcé son image de membre de l’élite, éloignée des préoccupations des « gens ordinaires ». Les réactions moqueuses sur Internet suggèrent d’ailleurs un dommage permanent à son image !
Lors de la cérémonie de commémoration du défunt président Nelson Mandela en Afrique du Sud, le président des États-Unis Barack Obama était présent… et a été surpris en train de poser pour un « selfie », sourire aux lèvres, avec la Première ministre danoise, Helle Thorning- Schmidt, qui prenait la photo, et le Premier ministre britannique David Cameron. En arrière-plan, Michelle Obama, l’air contrarié, ne posait pas avec les trois leaders politiques. Certains ont fait des commentaires ironiques sur Michelle Obama qui boudait, suggérant qu’elle était jalouse de ce moment de complicité, tandis que d’autres se sont offusqués d’un comportement inapproprié du Président en une occasion aussi solennelle.
Le public est-il versatile ? Un jour friand de ces petits moments ordinaires… le lendemain presque choqué d’un comportement jugé trivial de dirigeants politiques !
Toutes ces réactions contradictoires nous rappellent que l’exposition du quotidien « ordinaire » des dirigeants politiques, en termes d’image, est un sujet bien plus sérieux et délicat qu’il n’y paraît, un terrain très sensible voire dangereux en termes de réputation, avec un fort potentiel d’effet boomerang. A utiliser donc avec parcimonie et à manier avec la plus grande prudence …