Remaniement : le changement, c’est la communication.
Au lendemain de la lourde défaite du parti socialiste aux élections municipales, François Hollande a choisi de remplacer Jean-Marc Ayrault par Manuel Valls. Son objectif : placer son quinquennat sous le signe du changement pour prendre en compte le désaveu clairement exprimé par les Français dans les urnes.
Au plan de la composition du nouveau gouvernement, le changement n’est pourtant pas flagrant. Certes l’équipe est resserrée. Mais, avec ses 31 membres, elle se place juste en-dessous des gouvernements de la Vème République, composés en moyenne de 34 membres. Surtout, seuls deux nouveaux entrants sont à signale, Ségolène Royal et François Rebsamen, alors que les 14 autres étaient déjà présents sous le gouvernement Ayrault.
Sur le fond des mesures annoncées, le changement n’est pas non plus évident. Malgré son annonce de la réforme territoriale qui a fait grand bruit, Manuel Valls choisit la continuité dans la recherche de la compétitivité et la rigueur budgétaire, même si c’est contesté par de nombreux députés socialistes.
Alors, quels leviers peuvent encore actionner F. Hollande et le gouvernement pour relancer un quinquennat à la dérive ? La communication et la posture.
En effet, pour se différencier du gouvernement précédent, critiqué pour son impuissance et parfois même son apathie, Manuel Valls veut un « gouvernement de combat », expression martelée depuis sa nomination. Surtout, face aux nombreux « couacs » qui ont caractérisé le gouvernement précédent, Manuel Valls met largement en avant une nouvelle posture dans les relations de travail, plus collégiales et plus politiques, pour permettre une « délibération ouverte et confiance ».
Ce changement de posture a été particulièrement flagrant dans des « mises en scène », proches de la télé réalité, orchestrées par certains ministres : avec Arnaud Montebourg et Axelle Lemaire, Secrétaire d’Etat chargée de l’économie numérique nouvellement nommée, les voitures deviennent de véritables studios télés où la méthode Ayrault est ouvertement critiquée.
De la même façon, le 16 avril dernier, M Valls a décidé d’annoncer en avant-première sur le plateau du 20H00 de France 2 les grandes lignes de la répartition des 50 milliards d’euros d’économies à réaliser sur les dépenses publiques d’ici 2017 et ce, sans avoir préalablement consulté les parlementaires de son camp, ce qui a d’ailleurs lui a été vertement reproché. C’est à croire que M. Valls le communicant aurait oublié de communiquer en interne. « Deux pilotes dans l’avion, un seul commandant », insistait dimanche Jean-Marie Le Guen, qui a la lourde responsabilité d’assurer les relations avec le Parlement. Lourde responsabilité en effet car s’il y a bien deux pilotes identifiés, la destination finale du vol PS2014 ne semble pas connue de la majorité parlementaire.
Au-delà de ses modes d’expressions classiques, les nouveaux canaux de communication que sont les réseaux sociaux peuvent aujourd’hui se mêler ouvertement de la carrière de certains ministres : l’appel lancé par les entrepreneurs sur Twitter début avril pour conserver Fleur Pellerin, ministre de l’Economie numérique, à son poste et le hashtag #keepfleur ont fait fureur.
Avec son gouvernement de « com’bat », comme l’ont surnommé certains journalistes, la « Présidence normale » de F. Hollande a, plus que jamais, mis la communication au cœur de la vie politique.