
Sommes-nous l’agence de communication du terrorisme en publiant ce notre regard sur ?
Selon le département de défense des États-Unis, le terrorisme est « l’utilisation calculée de violence illégale pour instiller la peur dans le but de contraindre ou d’intimider des gouvernements ou des sociétés dans la poursuite de buts qui sont généralement politiques, religieux ou idéologiques.»
Ainsi, tout ce qui participerait à « instiller la peur » ferait le jeu des terroristes. De nombreuses personnes ont ainsi accusé les médias de favoriser l’émergence d’un climat de terreur. On pense en premier lieu aux éditions spéciales attentats de Paris, diffusées en continue sur les principales chaînes de télévision. Ce climat serait provoqué par la diffusion permanente des témoignages poignants des scènes de terreur, par les commentaires incessants d’experts plus ou moins légitimes, les réactions toujours plus fortes des responsables politiques de tous les bords. Il est certain que parler des attentats, c’est entrer dans le jeu des terroristes, tout simplement par le seul fait que l’on parle d’eux mais aussi parce que cela contribue au climat de peur que veulent instaurer les terroristes. Ces risques sont incontestables.
Pourtant, en s’arrêtant là, on ne comprend pas la dimension de l’attentat du 13 novembre
Lorsque François Hollande s’adresse au Parlement réuni en Congrès à Versailles le 16 novembre, à propos de cette « attaque terroriste sans précédent », il n’en reste pas là. Il débute en effet son discours par des mots qui frappent : « La France est en guerre. Les actes commis vendredi soir à Paris et près du Stade de France, sont des actes de guerre ».
Les faits parlent d’eux-mêmes. Le renforcement du dispositif militaire mis en place dans la capitale depuis plusieurs mois semble le démontrer tous les jours.
Communion dans le recueillement, et débat citoyen sont l’essence de notre démocratie
Il est normal, et même sain, que dans ce contexte, les Français s’expriment. La violence des attaques est telle, celle du choc dans la population également, qu’il est impossible de ne pas réagir et qu’il est indispensable de mobiliser le plus largement possible, de fédérer les émotions dans un mouvement de communion collective, de leur permettre de s’exprimer et d’affirmer avec force la volonté des Français de résister à la barbarie. Il est aussi important de comprendre, et pour cela, d’analyser, de débattre, de définir pour mettre les bons mots sur une situation terrible. C’est la seule façon de combattre le chaos et c’est le rôle que jouent, plutôt bien reconnaissons-le, la plupart des journalistes et des responsables politiques.
Cela n’a cependant rien à voir avec l’attirance malsaine de certains médias pour le sensationnel le plus cru – qui pour le coup, ne fait que renforcer la rhétorique du chaos de l’État islamique. C’est cette tendance qu’il faut combattre pour ne pas être « l’agence de communication » du terrorisme.