
Télévision et confession, l’improbable rencontre.
Lorsqu’il a choisi de donner une interview en direct sur la chaîne d’information BFM TV et sur RMC, tentant ainsi de faire de sa » part d’ombre » (volontairement ou non inspirée du titre d’un livre d’Edwy Plenel paru il y a quelques années) sa « part de vérité » (titre d’un livre de l’ancien président de la République, François Mitterrand), Jérôme Cahuzac a donné une résonnance significative à ses propos et beaucoup ont reconnu que ses conseillers avaient fait les bons choix en terme de stratégie médiatique.
Chez CLAI, nous ne partageons pas cette analyse et nous considérons que la combinaison TV-radio n’était pas le choix le plus pertinent pour ce type d’exercice.
En effet, les médias audiovisuels privilégient toujours la forme sur le fond et, dans ces circonstances, donnent souvent à la forme une importance excessive.
Mais qu’est-ce qui marque le plus le public dans cette performance ?
Le fait que l’interviewé ne portait pas de cravate, le ton de sa voix, sa posture assise de côté, comme s’il évitait de parler face à face, occultant largement le fond de ses déclarations comme en témoignent les commentaires lus ou écrits depuis hier.
En général, et sauf circonstances exceptionnelles, la préparation importante et nécessaire qu’implique une prestation télévisée est antinomique de l’idée de confession et le recours à la presse écrite masque le manque de spontanéité des réponses.
Une interview écrite aurait complètement évité ces écueils et replacé le débat là où il doit être : sur le fondement des délits présumés.
Deux raisons supplémentaires auraient dû conduire à ne pas choisir la télévision.
Le précédent de Dominique Strauss-Kahn en septembre 2011 ne plaidait pour une telle solution car elle n’a pas été considérée, c’est le moins que l’on puisse dire, comme un succès.
De plus, il est toujours tentant et facile pour tous les commentateurs, journalistes ou politiques, d’évaluer les mots utilisés, la posture, l’accent, le ton… faisant oublier significativement la substance du message.
Après Dominique Strauss-Kahn, Jérôme Cahuzac a montré hier que la confession audio-visuelle n’est pas, en France, le meilleur chemin vers la rédemption.