
Publicis, de la différence à la dépendance…
De 1987, année où il succède officiellement à Marcel Bleustein-Blanchet, à 2013, Maurice Lévy aura conduit une aventure exceptionnelle qui a vu le groupe créé par son prédécesseur, en 1926, passer du rang de 2ème groupe français de communication à la 3ème place mondial.
Ce succès extraordinaire, Maurice Lévy l’a fondé sur un trait caractéristique, sans cesse répétée dans ses multiples prises de parole: Publicis était un groupe d’origine française, ayant son siège à Paris dans l’immeuble mythique des Champs-Elysées légué par le fondateur. Face à ses concurrents presque tous anglo-saxons, c’était la « différence », l’ADN de l’entreprise disions-nous, sur laquelle il s’est appuyé pour mener pendant 25 ans, à coup d’acquisitions, une croissance sans équivalente sur son marché.
Une spécificité exprimée dans une signature aussi simple qu’ambitieuse, « Publicis, la différence », devenue « Viva la différence ! » après le rachat du légendaire Leo Burnett en 2002.
C’est cette formidable exception qui a pris fin le 28 juillet quand Maurice Lévy a signé l’accord prévoyant la fusion de Publicis avec son rival Omnicom, le numéro 2 mondial, pour former le nouveau n’1 et renvoyer durablement le rival de toujours, Martin Sorrell et son groupe WPP, à la triste condition de deuxième.
Car si la presse célèbre aujourd’hui une fusion d’égaux, la lecture du communiqué publié hier par les futurs mariés suffit à montrer que cette égalité est plus apparente que réelle.
Maurice Lévy et John Wren ne co-dirigeront le nouveau groupe que pendant 30 mois, le temps de mener à bien l’intégration. Ensuite, John Wren sera seul directeur général exécutif (CEO) et New-York deviendra de ce fait, qu’on le veuille ou non, le centre de décision du groupe.
La France représentait à peine plus de 5 % des activités de Publicis, cette part va encore se réduire avec la fusion et notre pays ne sera plus qu’un marché parmi d’autres au sein de la nouvelle entité, dont les grandes orientations stratégiques, et notamment les investissements, seront décidés de l’autre côté de l’Atlantique.
Ne nous y trompons pas, la France est en train de perdre l’un de ses grands champions mondiaux.
Les collaborateurs et les clients de Publicis ne vont pas tarder, je le crains, à mesurer la différence née de cette nouvelle dépendance.