
Réforme des retraites, cinquième saison, épisode 3, la suite 1
L’intervention du Premier ministre dimanche 25 août, lors du journal télévisé de France 2, ne marquera pas seulement la fin de l’été. Elle sera aussi l’occasion de clore la deuxième étape de la stratégie de communication sur la réforme des retraites, annoncée en début d’année par le Chef de l’État.
Tout d’abord, de janvier à mai, le gouvernement a « installé », François Mitterrand aurait dit « instillé », l’idée qu’une nouvelle réforme était indispensable. Cette étape préliminaire s’est conclue par la remise du rapport de la commission présidée par Yannick Moreau, qui a analysé les avantages et les inconvénients des différentes options.
La publication des conclusions de l’étude a permis de lancer la deuxième phase de la stratégie de communication, les échanges et les réunions avec les partenaires sociaux. Elle a également préparé l’acceptation de ces mesures par les uns (syndicats) ou les autres (patronat) et les différents courants politiques de la majorité gouvernementale. En juillet, tous les choix semblaient possibles au point de soulever des protestations chez les parlementaires de la majorité. Ceux-ci ont mis en doute la valeur d’une communication qualifiée d’« anxiogène ».
Depuis début août, l’éventail des solutions semble s’être fortement restreint. Par petites phrases lors des déplacements ministériels et à travers les confidences des conseillers de l’exécutif, trois idées se dégagent : l’allongement de la durée de cotisation ne serait effectif qu’après 2020, une définition plus large de la pénibilité du travail permettrait d’exonérer certains salariés, une augmentation de la CSG (Contribution sociale généralisée) permettrait, pour l’instant, de boucher le trou financier immédiat du régime général des retraites.
En 2003 et 2010, lors des précédentes réformes, il avait été davantage question d’augmenter les recettes. L’accent mis aujourd’hui sur la pénibilité du travail est évidemment un bon moyen de donner une dimension sociale à la réforme, afin d’éviter toute assimilation avec celles menées au cours de la dernière décennie par la droite.
Sauf surprise de dernière minute, qui marquerait un troisième niveau dans la pédagogie – j’inquiète (tous), je rassure (mon aîle gauche), j’équilibre (pour calmer les milieux économiques et financiers) – ce sont donc les grandes orientations que le Premier ministre devrait annoncer dimanche et que devrait reprendre le projet de loi dont la présentation est annoncée pour la mi-septembre. Ainsi, avec le débat parlementaire sera ouvert la troisième étape de la réforme.
Le gouvernement Ayrault peut espérer, grâce à cette stratégie de communication, avoir réussi à deminery un sujet « explosif ». Le Premier ministre s’est donné les moyens d’une rentrée plus sereine, que ce qui était annoncé par de nombreux commentateurs politiques. Cependant, il se prépare des mois difficiles. La hausse de la CSG n’est le meilleur moyen ni de mobiliser les électeurs pour les élections municipales de mars, ni de soutenir la croissance par la consommation. Tout comme elle ne convainc pas les marchés et nos partenaires européens de la capacité du gouvernement à redresser notre économie et à réformer notre modèle social.